( Le Vagageur
de La Béroche )
TRAJECTOIRE BIOGRAPHIQUE D’UN ANTIMYTHE ERRANT
Guillaume B o m p
a r d
28 10
01-TOTAL : 14 800 caract.
Samson,
il marche…
En Suisse, là où le long lac de Neuchâtel, baigne les rocailleux contreforts
calcaires du Jura. Dans la foulée d’une
révolution industrielle enlaçant deux guerres globales, pendant et après la «
Mob » de 39-45. Une contrée
viscéralement rurale, parmi montagnes, gorges, vignes et forêts : La Béroche,
étroit triangle escarpé et galbé, aux
confins ouest du canton de Neuchâtel. St Aubin/Gorgier - Vaumarcus/Vernéaz -
Fresens : ses repères, ses sentiers,
son territoire. Le cœur d’une toile qui tisse ses liens dans tout le canton – du
Val de Travers à celui de Ruz – en
passant par « La Tshow » (La Chaux-de-Fonds), « Neuch », les trois lacs et bien
plus loin encore…
Un homme marche, au gré du temps, vers nulle part ; sans carte ni boussole.
Apparemment sans but, mais avec
l’obstination de sa robuste composition. Une force de la nature en marche.
Mécanique monolithique inexpugnable,
bien réglée, massive, poussiéreuse, venue d’on ne sait où. De quelque part, par
là-bas sans doute ? Au-delà des eaux
et des cimes ? Peut-être du Tessin ou du pays sarde. De Savoie ? D’une aventure
sans issue ? D’un accident de
parcours ? D’une banale histoire.
« C’était la bande à B… »
A son premier rugissement, en 1880, il est accueilli avec un capital congénital
peu ordinaire : un joli paquet de
muscles, avec en prime une folie éperdue de liberté ; un grain entre les
synapses. Trop ici ! Pas assez là !
Équilibré en somme ; suffisamment pour faire le singe et escalader les 80m. du
clocher de sa ville natale, à 13 ans à
peine, sous les yeux de sa mère.
Adulte précoce, ce jeune trimard fruste et dur-à-cuire est à vingt ans, lors
d’une visite médicale à Genève : bref
(1,64m), épais (86 kg.), costaud (30 cm de tour de bras), châtain aux yeux
clairs. Un petit gabarit trapu en Y ( 100
cm de tour de poitrine), ventre plat et fesses rondes, très baraqué, tendu,
veineux, mais pas monstrueux. Il est le
produit légitime d’un couple ouvrier - militant de Douvaine, capitale du Bas
Chablais, en Haute Savoie ; modeste
bourg – carrefour, entre Thonon-les-Bains et la Cité de Calvin, en zone franche.
Un coin frontalier et une époque où
se mêlent drapeaux rouges et noirs ; où l’on relate les exploits explosifs de
Caserio, de Ravachol et surtout de J.
Bonnot (né en 1876 dans le Doubs), de sa bande ( Garnier, Valet, Soudy, Monier
et Raymond-la-Science), de sa
célèbre De Dion-Bouton d’emprunt et… de son art diabolique de la conduite.
L’automobile au service du crime :
idée novatrice.
Inscrit à l’école buissonnière jusqu’à 13 ans, il suit des troupes de forains et
des cirques, comme par vocation.
Première condamnation pour vol à 17 ans. Son père, peintre, lui apprend à
dessiner, décalquer son nom et à
fabriquer des maquettes. Compter vint plus tard, lorsqu’il fallut fixer, non
sans difficultés, le prix de son… travail.
Son univers d’enfant, puis d’adolescent est un univers de piètre existence,
d’analphabétisme et d’illégalisme. On
parle de liberté, mais de celle des patrons, qui exploitent et spéculent. Son
nom est connu de tous les employeurs de
la région. C’est un agitateur ; on n’en veut pas. Pas de boulot ; misère et
désespoir.
Il est SAMSON, lorsqu’à la fin du 19ème siècle, il déboule avec fracas en Suisse
pour la 1ère fois, lors de quelques
« bordées » dans le canton de Vaud, ignorant jusqu’à sa date de naissance. Brève
école de recrues à Colombier en
1900 ; exempté pour de multiples motifs saugrenus. Expulsé de France et de chez
ses parents en 1902, il croise
Bonnot, lui, expulsé de Genève pour propagande anarchiste. Pour Samson, la
Suisse devient un refuge, un grenier.
Mais depuis, sans attache autre que dortoirs, cellules, oubliettes, liens,
chaînes et camisoles de force, Samson
arpente le pétaradant sillage de la mouvance « apache », celle des trafics et
des coups louches. Du littoral alors
sauvage du lac de Neuchâtel, aux vallées et aux sommets du Jura et des Alpes
vaudoises, il vagabonde le long des
frontières floues, dans les parages de Vaumarcus / Vernéaz, sa commune d’origine
suisse. Il va et vient, de
l’industrieuse Chaux-de-Fonds à l’austère Genève, bondissant de talus en fossés,
fuyant son humble sort à travers un
paysage griffé et saigné par les lignes de la vigne... Les vignes, le Jura, la
campagne neuchâteloise , composent le
tableau que l’apaisante nature offre à son regard. Les saisons y sont franches
et contrastées.
Râblé, hâbleur, Samson ne manque pas de panache lorsqu’il entre en scène. Il
effraie et fascine femmes, enfants
et gens de passage. Il surgit en braillant son nom, haut et fort, d’une voix
basse, imposante, et puissante :
- « T’aavvhhuuu, Samamamamson. Çaa vaaa baaarrrrderééé !
Et,
- « J’suis Samson-on ! M’appel Samson ! L’ Ami Samamamson-on-on ! Samson,
l’Homme le plus fo-o-ort du
Monde ! C’est moi Samamson ! »
Enfin, pareil à la statue d’un Dieu vengeur il vocifère avec coffre :
- « Samson c’est moi. C’est moi Samson l’ plus fo-o-ort du Monde ! Samson,
j’suis l’Homme le plus fo-o-o-ort du
Mononde ».
Car Samson est une force incommensurable, mais en liberté relative ; une force
inouïe qui, d’abord, pivote autour
d’un axe essentiel : l’univers de ceux qu’il n’est déjà plus convenu d’appeler
les malades mentaux encore moins les
fous ; l’univers de ceux que l’on nomme aujourd’hui, les malades psychiatriques.
Et pourtant.
La vie est un cirque.
Dès 1910 Samson en a raz la caboche, de se faire trouer la peau pour des clopes,
d’autant plus qu’ en janvier,
tentant de passer sur Fribourg, il a dévissé aux Rochers de Naye et s’est
sérieusement ouvert le crâne. Il faut dire que
depuis plusieurs années il s’adonne à un sport illégaliste, lucratif et très
périlleux : la contrebande. Kilos de tabac,
d’explosifs et de n’importe quoi, par les gorges du Doubs (Les Verrières, Les
Brenets, Les Echelles de la Mort)
entre la France et la Suisse ; 30% de commission. 100% de risques. Les visières
sous képis sont à l’affût. Fin mars,
Samson décide de s’engager dans la Légion, pour fout’le camp et se mettre à
l’ombre. Il pense, à juste titre vu sa
composition physique d’exception, qu’il sera reconnu apte. L’idée d’en découdre
dans les douars avec des
autochtones enturbannés, sous les couleurs de la France, l’excite : c’est bon
pour l’épate. Il signe pour cinq ans. En
bon mercenaire qu’il est, son côté suisse sans doute, il se retrouve embrigadé
au 2ème Régiment étranger au Maroc.
Au bout d’à peine trois mois, il craque. Las et en furie, il déserte avec une
quinzaine de co-légionnaires. Ils risquent
l’exécution sur le champ. Après de nombreuses péripéties, un passage à la prison
de la Légion à Lyon et l’expulsion
d’Italie, Samson est réexpédié en Suisse au début de l’automne dans un
établissement d’ « aliénés guérissables ». Il
en sort. « Il faut se débarrasser de ce parasite », prétendent les autorités.
1911, en pleine errance dépressive, Samson commet « un acte de brigandage » avec
violence et sang à Vevey :
« l’Affaire du 31 mars ». Il nie, est mis en observation et enfermé. Il passe
pour un simulateur d’amnésie. Ensuite,
chacune de ses sorties est l’occasion de scandales avec menace et voies de fait,
de dégâts et de terreur (« Scènes de
panique à Bevaix » en 1916). En gros, durant les années 1910-1920 (l’épopée
sanglante de la bande à Bonnot ; têtes
mises à prix ; brownings crépitant ; Bonnot abattu par la police en avril 1912),
ses diverses escapades le mènent,
d’internements en incarcérations, de camisoles en cages, de délits en délires.
Il a vu la guillotine fonctionner à Paris :
ça l’obsède (le bourreau s’appelait C.H. Samson !). Il voit des marocains qui
dansent et gesticulent partout (il en a
vu) ; de la neige en mai ; fait des rêves peuplés ; se prend pour Victor Hugo ;
on veut lui faire la peau à la sortie ; la
police est là, prête à le capturer ! etc. Il tente de s’engager dans l’armée
française « jusqu’à la fin de la guerre ». C’est
non ! En Suisse, il est surveillé et considéré comme « un rapatrié neuchâtelois,
irresponsable, antisocial et
particulièrement dangereux ». Dès qu’il le peut, simulant un état ou profitant
d’une situation, il s’échappe ; revient.
S’évade. On le reprend. Il s’envole à nouveau. La police le ramène de la prison
de Vevey où de Boudry. Lui, a
horreur de tout ce qui représente l’autorité, quelle qu’elle soit et quelle
qu’en soit le détenteur. Il ne peut s’adapter à
la privation de liberté ; l’enfermement le rend fou. Il refuse toute contrainte.
La « maison d’accueil pour malades
mentaux incurables » qu’il fréquente régulièrement, renforce une cellule conçue
pour lui : la « cage au gorille »,
d’où il dicte des appels à l’aide pathétiques et lucides destinés à ses parents.
Au long des années vingt et trente, jalonnées de séjours dans un pénitencier
fédéral, en prévision de ses athlétiques
exhibitions itinérantes, Samson trimbale un petit baluchon – sa « Samsonite » -
contenant un p’ti ch’nit d’objets
personnels, de photos posées de lui, d’affiches détonantes (« L’HOMME LE PLUS
FORT DU MONDE ») et des
bonnets où de la boite d’alu, pour faire la quête selon un rituel réglé. Pour
réaliser ses numéros de force herculéens,
Samson utilise tout ce qui pèse, se tord et lui tombe entre les paluches ou les
mandibules : cordes, chaînes, boucles,
fers à cheval, crochets, bouts de ferraille, enclumes, essieux, poutres
métalliques, rochers, altères, chars, camions,
rails etc. Ses fournisseurs changent selon les lieux. Il se signe et déplace 600
kilos ! une 900 kg et plus sur le dos ne
lui font pas peur. Une corde nouée autour du cou : avec les doigts il résiste à
deux tractions opposées phénoménales,
allant aux limites de l’écartèlement, de l’étouffement, de la vie. Ouf ! Ses
spectateurs, ses admirateurs, es gamins, il
les racole sur la voie publique, aux carrefours, sur les places, aux abords des
gares, dans les bistrots, à proximité des
forgerons, des relais de poste et bien sûr, dans les fêtes foraines et les
foires. Dans les villes et les villages qu’il
traverse son spectacle est annoncé par le crieur public. Constamment désargenté,
partout où passe le Montreur de
Force, lorsqu’il enclenche ses mécaniques, son impressionnante allure et ses
démonstrations de force, s’agrippent au
plus profond des mémoires. Il est l’ « Homme le plus Fort » et il faut que cela
se sache alentours. Cela rapporte,
environ 15.- par jour. Mais, quand Samson n’a pas de quoi se payer un godet, il
rentre dans un café avec un gros
rocher ou une enclume ; pose les kilos sur une table et attend qu’on le serve.
Sinon, il abandonne sur place l’objet et
s’en va répercuter sa chance ailleurs. Un coup de rouge (du « Montagne » !),
contre un coup de force, un coup de
main où une brûlure de cigarette sur le bras.
Am’s tram grammes…
Samson marche, flâne, pédale. Trime en laissant des traces. A chaque petits
boulots (dont il fixe unilatéralement et
brutalement l’échéance quand il n’est pas viré pour bris d’outils), il réclame
double, triple, voir quadruple salaire,
compte tenue de l’ampleur des travaux exécutés par un seul homme. On lui refuse.
Samson réalise alors une crasse
de son cru et s’éclipse avant de resurgir en douceur.
Ses nuits de liberté, il les passe à la belle étoile, au pied d’un arbre ou sur
un banc, au bord du lac, enroulé dans une
capote militaire, au fond d’un trou, sous la neige, n’importe où, tel une « bête
sauvage ». Samson hait les lits et dort
n’importe où, pourvu qu’il soit horizontal et qu’il ne perde pas le contact avec
le plancher des vaches... et la bible ?
Il dort dans les étables, les écuries, les granges, les caves et autres boitons,
voir des églises. Pour un repas, il change
de religion. C’est sa vie, une vie brute de bohémien champêtre, nourrie d’avés,
d’expédients et de rapine.
Selon les médecins qui le voient lors de ses internements et de ses
incarcérations, il a beau être malade
psychiatrique (imbécile, antisocial, psychopathe, paranoïaque, mythomane),
alcoolique (pathologique, impulsif,
massif)., En fait Samson est surtout un comédien, avec, d’après les certificats
médicaux des organes internes en
parfait état et un cœur plus qu’à a hauteur.
Les allées et venues de Samson commencent à agacer ; il embarrasse, dérange.
Plus personne ne veut d’un pareil
malade - boomerang. Aucune institution, aucun hospice, aucun asile. Il est
indésirable, interdit dans les cantons
limitrophes, en France et en Italie. On ne sait plus quoi faire de cette sangsue
sociale, de ce danger public. Pour s’en
débarrasser, sa commune l’incite à partir aux Amériques. En 1915-16, Vaumarcus
effectue les démarches, mais les
tentatives d’expédition échouent en chemin et Samson se trouve rapatrié en
Suisse, à Vaumarcus. A bientôt quarante
ans Samson semble alors se calmer.
Sur la route, pour trimer ici et là, Samson utilise les seuls moyens entièrement
à l’œil : la marche et le cheval-stop.
Mais, il lui arrive d’emprunter les délicats transports collectifs. Ainsi, dans
le courant des années folles, à Neuchâtel,
il fait signe au chauffeur d’un tramway de s’arrêter. L’engin s’immobilise et
Samson monte, sans titre de transport, ni
même de quoi régler sa course. On lui refuse sèchement l’accès au wagon. Il
enrage, met pied-à-terre. Fou furieux, il
s’empare de l’avant du tram et presque machinalement le soulève et le dépose
hors des voies. « Il a fait dérailler le
tram ! » hurle-t-on. Un pugilat verbal s’en suit. On risque la rixe. Le
spectacle est dans la rue. Samson s’énerve,
négocie. Finalement, après qu’il ai remis - seul bien entendu -, le train des
villes sur le chemin de fer, tout le monde
peut aller arroser à sa façon, l’évènement en ville, et Samson, monter
gratuitement dans le tram. L’incident contribua
pour beaucoup à la renommée de l’Homme fort de Vaumarcus, d’autant qu’il
récidiva sur plusieurs lignes
régionales, vu le succès de cette prise d’otages musclée.
Pendant la Mob, Samson se trouve dans les environs immédiats de la Chaux de
Fonds. Aux « Convers », devant le
« Pic 1200 », au milieu des soldats, se faisant casser des gros rocs sur le
torse à coup de masse et tordant des rails de
chemin de fer autour du cotzon.
De temps à autres il descend à Boudry et passe à Vaumarcus réclamer un peu
d’aide, des souliers ou des habits.
Tous les astuces sont bons pour boire. Même s’il est plutôt bon, on le redoute.
Il se lave et se rase à froid, dans les
bassins de fontaines. Malgré tout l’odeur reste tenace partout où il passe.
Cellules et lieux de passade.
Ceci est mon corps.
Très vite, on constate que la force de Samson est à proprement parler
surnaturelle. Mais, c’est au cours d’une seule
visite médicale, pour une grippe, qu’un médecin s’intéresse à l’ampleur du
phénomène. Lui, comme à son habitude,
refuse d’être examiné. Il s’enfuit. Mais on notera que le cas est intéressant :
on soupçonne une anomalie musculaire
extraordinaire avec en prime un système immunitaire blindé. Jamais malade. Rien
de rien. Cela, Samson le sait.
Cette constitution physique hors du commun explique qu’il puisse supporter
facilement jusqu’à dix litres de vin
quotidiens - sans être contredit, bien au contraire - soit deux fois plus que la
dose ordinaire des buveurs du coin,
fidèles partenaires de verrées. Cela, sans jamais tituber, paraît-il.
Mais pour boire, manger et faire la bombe, les démonstrations de bête de foire,
les petits boulots et les subsides de
la commune de Vaumarcus ne suffisent pas. Il décide, pour mettre du beurre dans
les épinards – et, dans un réflexe
de vitalité presque cannibale -, de vendre son capital, tout ce qu’il possède,
son unique bien : le secret de sa force,
son corps d’ hercule et sa superbe mécanique. On s’y intéresse pour des raisons
de curiosités scientifiques. Certains
hôpitaux, cliniques, médecins, professeurs, instituts et universités discutent
avec lui. Ils souhaitent l’étudier,
l’autopsier pour savoir enfin de quels muscles la solide charpente de Samson est
habillé. Il s’engage, signe, promet
ici et là, aux plus offrants des savants, sans que ceux-ci sachent qu’il l’a
cédé ailleurs. Son corps est promis ;
vendu ; acheté « sur plant » ; investi pour être étudié.
Promesse absurde puisque par essence intenable. A moins de programmer la date et
le lieu de son décès. Ce que ne
fit heureusement pas notre homme. Mais promesse qui dénote en tout cas une
parfaite conscience de soi chez
Samson.
L’argent ? Il est vite converti en espèce de liquide sonnant (vin, fée verte et
gnôle de derrière les fagots).
- Oui, Samson, son corps il l’a bu avant de mourir. Et il à prit son temps.
- L’affaire était-elle bonne ? Il n’avait pas livré le secret de sa force. Il
l’ignorait ! Et pour cause.
- En été 1951, Samson est de sortie. Il vient de purger une peine et est sous
libération conditionnelle. Bien que sur
le déclin, il ne fait pas ses 71 ans. Aux mois de juin et juillet il rôde et
donne encore quelques représentations
dans le Val de Ruz. Dernières valses des fers, rocs, cordes, enclumes, à Chézard.
Un samedi soir d’août, après
la fermeture des bistrots, il est renversé par un chauffard sur la route de
Cernier. Abandonné sur le bas côté, il est
retrouvé grièvement blessé par des passants et conduit le lendemain par les
gendarmes vers l’ hôpital du Val de
Ruz où il s’éteint quelques mois plus tard, le 10 novembre. Trouble issue.
Dans un somptueux élan de culot noir et d’humour rouge, Samson a berné tout ses
acheteurs. Ils sont plusieurs,
médecins et scientifiques à se disputer âprement sa dépouille. Mais aucun
acquéreur ne peut se prévaloir d’un droit
de propriété ou d’une créance sur le cadavre de Samson.
La dissection révèlera que Samson était armé d’un système musculaire
hypertrophié, une quasi double masse de
muscles. « Il avait les muscles à double !. » Au moins deux fois plus puissant
que le premier quidam bodybuildé. Son
ossature dorsale présentait aussi un solide aspect inédit.
Il ne s’agit, à dire vrai, que d’une anomalie congénitale rarissime. C’est le
don exceptionnel de sa nature. Un don
dont il n’a pas fait don.
- Mais de quel don nous à-t-il donc fait don, à vous lecteurs et à moi enquêteur
/ scribe ?
- Le don de sa trajectoire : la trajectoire d’une condition humaine
exceptionnelle et d’une double personnalité.
Fulgurante, exubérante et délinquante d’abord ; puis, presque sage et
artistique, marginale et bestiale. La
trajectoire de la Force la moins tranquille qui fut, par ici sans doute. Celle
d’un homme qui puisait sa terrible
puissance aux sources de sa haine et de sa rage contre une société qui ne
pouvait le comprendre.
- Éthique ? Et toc !
- Moi qui croyait qu’on ne pouvait tailler un costard à un zigue qui marche…
D’autant que personne ne savait où
il était, d’où il venait, ni où il allait.
- Samson, le Vagageur !
fin
Concise, 28 octobre 2001. Droits déposés/Copyright- G.BOMPARD. Paris - Mai
2001
G. B O M P A R D
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Concise, 28 octobre 2001.
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